Gisèle Didi
Insoumise aux contraintes oppressantes des accords sur les droits à l’image, Gisèle Didi a constamment questionné la substance même de ces contrats, cherchant à établir un niveau de confiance transcendant les formalités. Pendant une décennie, elle a façonné une pratique argentique en noir et blanc, dévouée au portrait et au reportage.
L'avènement de l'an 2000 a été une rencontre exaltante avec l'ère numérique, donnant naissance à son premier site internet. À ce moment pivot, elle a proclamé sa souveraineté en tant que sujet, scellant un pacte éternel de droits à l'image avec elle-même.
Elle s'est plongée dans une effervescence créative, tissant un flux ininterrompu d'images, d'autoportraits et de portraits. Pour elle, cela représentait la trame reliant l'énergie vitale à l'instinct, explorant simultanément les profondeurs de l'individu et les horizons universels de l'âme humaine. Cette énergie se cristallisait en un mouvement perpétuel, oscillant entre équilibre et déséquilibre.
Au-delà du résultat final, l'artiste a accordé une importance primordiale au processus créatif lui-même, enraciné dans une temporalité où le mouvement incessant et la quête sans fin prévalaient.
En 2019, à Lormes, dans la Nièvre, elle ouvre sa propre galerie, l'Espace Didi de Mars, marquant ainsi une affirmation décisive à l'aube de ses 50 ans.
Le confinement de 2020 a été un creuset fertile pour l'éclosion d'un double intérieur, un alter ego captif, dépouillé de sa grâce, rempli de découragement et de terreur, contrasté. C'est à cet instant qu'a débuté un voyage exploratoire vers la multiplicité, appelant d'autres femmes à se joindre à cette quête.
Cette artiste n'a jamais cessé de créer et de se présenter, de Paris à New Haven, de Bamako à la Géorgie, et dans l'immensité des réseaux, même si la reconnaissance financière de son art lui a souvent échappé, hormis pendant ses dix années de service dans le merchandising pour Louis Vuitton.
Depuis son enracinement dans la Nièvre en 2012, la nécessité de reconstruire entièrement loin de l'effervescence urbaine l'a poussée à repenser l'image dans un contexte rural où la culture est plus rare. Elle a ainsi organisé de nombreux événements et récemment des masterclass avec des photographes de renom, cherchant à insuffler un nouveau souffle là où la culture peut paraitre plus chancelante.